Page:Sand - La Ville noire.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
la ville noire.

— Il ne faut pas beaucoup de courage pour cela, reprit Sept-Épées ; c’est si vite fait ! Il en faut bien davantage pour vivre et pour se remettre à gagner sa vie.

— Il en faut trop !

— Donc vous n’en avez pas assez !

— Possible ! Je ne veux pas me soumettre à devoir mon pain aux autres, après avoir espéré pendant si longtemps que je pourrais leur en donner.

— C’est donc devoir son pain aux autres que de recevoir leur argent en échange du travail qu’on leur fournit ? À ce compte-là, il n’y aurait personne de libre ; les paresseux et les voleurs auraient seuls droit de lever la tête.

Sept-Épées, qui avait de l’esprit et du jugement, et dont le cœur était généreux, dit encore à l’enthousiaste Audebert beaucoup de choses très-justes, et finit par l’ébranler si bien que cet homme lui promit de ne pas attenter à sa vie avant trois mois de réflexion. Il ne fut pas possible de lui faire jurer davantage, mais il le jura, et c’était beaucoup dans la situation d’esprit où il se trouvait.