Page:Sand - La Ville noire.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
la ville noire.

particulier qu’il recommença plusieurs fois, après quoi il disparut.

Une idée sinistre traversa l’esprit du jeune armurier. Il regarda avec attention ce qui était écrit sur le mur, et parvint à lire ces mots, dont il est inutile de reproduire les incorrections : « Je meurs de ma main, pour la honte et le chagrin que j’ai d’avoir tout perdu. J’ai été honnête homme et courageux. Priez pour mon âme. » Sept-Épées, voyant bien qu’il avait assisté aux préparatifs d’un suicide, allait s’élancer de nouveau vers l’usine, quand il vit reparaître le malheureux artisan. Celui-ci s’approcha du mur et effaça le mot meurs, pour le récrire autrement ; puis il l’effaça de nouveau et se décida à le rétablir tel qu’il l’avait écrit la première fois. Son incertitude venait probablement de ce que, ne sachant pas bien l’orthographe, il voulait être bien compris par ceux qui le liraient. Peut-être aussi un dernier sentiment d’amour-propre naïf le préoccupait-il à cette heure suprême.

Sept-Épées se demanda rapidement comment il pourrait arracher cet infortuné à son funeste projet.