Page:Sand - La Ville noire.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
LA VILLE NOIRE.

Tout ce que Gaucher, provoqué par son silence et son air sceptique, lui avait dit de la nouvelle bourgeoisie de la ville haute, et de la possibilité, de la facilité même, pour un homme intelligent, de parvenir à cette brillante existence, était entré dans son cerveau comme un fer rouge. Le cœur lui avait battu d’espérance en écoutant un ami sage et sans ambition personnelle lui ouvrir les portes de l’avenir et s’efforcer de le pousser en avant, lui qui en frémissait d’impatience et qui feignait de se faire prier.

Cette conversation l’avait tellement ému que les remontrances de Lise et les questions de son parrain à propos de Tonine lui avaient rendu son éloignement pour le mariage, et surtout pour un mariage où Tonine ne pouvait lui offrir en dot que sa grâce et sa vertu.

Il se sentait donc très-soulagé quand il se répétait les paroles de Laguerre : « Demande franchement pardon de ta légèreté, et retire-toi vite pour ne pas aggraver tes torts ; » mais en même temps il sentait ces torts déjà trop graves pour qu’il fût possible de