Page:Sand - La Ville noire.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
LA VILLE NOIRE.

décide, sans s’impatienter et sans me dire : « Vous avez trop tardé et je ne veux plus que vous me parliez, » elle me laisse toujours de l’espérance. Enfin aujourd’hui Lise m’a pressé de prendre un parti, en me donnant à entendre que Tonine avait peut-être reçu quelque autre proposition, et qu’elle voudrait savoir à quoi s’en tenir sur la mienne. Voilà pourquoi je vous consulte, mon parrain : tâchez de me répondre sans vous enflammer.

— Je ne vois pas sur quoi tu me consultes, répondit le vieillard adouci ; tu as l’air de me dire que le mariage te fait peur. Selon moi, tu as tort : il faut se marier jeune, afin d’avoir le temps d’élever et de pousser ses enfants ; mais il se peut que la Tonine ne fasse pas ton affaire, ou que tu n’aies pas encore assez réfléchi au mariage. Eh bien ! dans ce cas-là, il vaut mieux marcher droit dans la vérité, renoncer à cette fille, le dire à Lise, qui le lui répétera de ta part, et laisser passer un bout de temps avant de songer à une autre. Le plus pressé, vois-tu, c’est de ne pas faire d’affront à la cousine de ton ami Gaucher, et il n’y a pas d’affront quand on s’explique