Page:Sand - La Ville noire.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peine qui ne fût adoucie, une larme qui ne fût essuyée ; souviens-toi !

« Et souviens-toi, Tonine au cœur fidèle, du jour où l’on vint te dire : L’atelier de celui qui t’aimait a été dévoré par la montagne. Sa roue, muette à jamais, gît sous le rocher, le torrent chante sa victoire cruelle sur les ruines de son travail et de sa vie. Ce jour-là, tu t’écrias : — Voilà mon fiancé qui revient, ma voix l’appelle. J’ai besoin d’un ami pour partager le fardeau des devoirs de ma richesse. — Et ce jour-là, Tonine au cœur tendre, tu aimas plus que toi-même celui qui n’avait plus que toi sur la terre ; souviens-toi !

RÉCITATIF.

« Jeunes époux, souvenez-vous de vos fatigues et de vos peines pour mieux savourer le bonheur ! Nobles enfants du travail, ne quittez jamais la Ville Noire ! Des liens plus forts que l’acier le mieux trempé de vos ateliers, des affections plus solides que ces rochers de granit qui protègent le sanctuaire de nos industries, des liens d’amour et d’amitié vous