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robe blanche, et tu donnas à la solitaire infirme la fête de l’amitié ; souviens-toi !

« Toi qui fus bénie en devenant sainte, Tonine aux mains secourables, souviens-toi du jour où tu donnas à boire au pauvre voyageur et ton pain à la pauvre mendiante, et du jour où tu fermas les yeux du voleur abandonné de tous, après avoir fait entrer le repentir dans son âme coupable, et du jour où tu soignas le pauvre paralytique, objet de dégoût pour sa propre famille, et du jour où tu donnas ta mante, et de celui où tu donnas ta chaussure, et de celui où, n’ayant plus rien à donner, tu donnas tes larmes, et de tous les jours de la vie qui furent marqués par des bienfaits, des dévouements, des sacrifices ; de tous ces jours-là, Tonine aux belles mains, souviens-toi !


« Et souviens-toi encore, Tonine au cœur pur, du jour où l’on vint te dire : Tu es riche, la plus belle des usines de la Ville Noire, la perle du Val-d’Enfer est à toi. Ce jour-là, tu levas vers le ciel tes mains sans tache en disant : Rien n’est à moi, tout est à Dieu ! Et depuis ce jour-là il n’y a pas eu ici une