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de l’amour et de l’amitié, je suspends ma couronne à ton seuil béni des dieux !

— Ami, lui répondit Tonine, faites-moi un présent de noces digne d’un homme comme vous ! Donnez-la-moi cette couronne, suspendez-la ici pour toujours, et jurez de ne pas me la reprendre.

— Je le jure, s’écria Audebert, qui, depuis ce jour, ne songea plus à se parer de cet excentrique ornement ; je le jure, je le jure ! répéta-t-il par trois fois avec une antique solennité.

— Et j’accepte le serment de l’amitié, lui dit Tonine ; ces lauriers, que respectaient les habitants de la Ville Noire, auraient fini par vous faire des envieux. Ici on les verra avec orgueil, car votre gloire nous appartient plus qu’à vous-même, et c’est à nous de la publier.

— Tu as raison, jeune et belle muse du travail ! répondit Audebert : j’ai peut-être paru manquer de candeur et de simplicité en portant ce gage de mon triomphe. Faites-moi place parmi vous, mes amis, je veux vous chanter l’épithalame de ces heureux époux.