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Ils entrèrent dans le salon, qui, ainsi que la salle à manger, était disposé pour recevoir au plus une douzaine de personnes dans les jours de gala. Il était tout lambrissé et meublé en bois clair, et pour tout luxe il y avait des rideaux de mousseline blanche, des fleurs dans des poteries du pays, et une belle vieille table à pieds tordus que Sept-Épées avait vue autrefois chez Tonine.

Il trouva là son parrain, la Sauvière et sa fille, le docteur Anthime et Va-sans-Peur. On espérait Audebert ; mais, comme il avait déclaré, une fois pour toutes, que le poëte n’a pas d’heure, on ne devait pas l’attendre. Tonine arriva la dernière, tout habillée de blanc, si belle et l’air si radieux que Sept-Épées en fut ébloui. Elle vint à lui et lui prit les deux mains en riant. Tout le monde riait, même le parrain, qui paraissait avoir entendu raison. Sept-Épées se mit aussi à rire pour faire comme les autres, et aussi parce qu’il avait le cœur content ; pourtant la figure épanouie d’Anthime, que ses yeux rencontrèrent comme malgré lui, le rendit tout à coup très-sombre. Rosalie Sauvière, qui était devenue grande,