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Pendant quelques jours, croyant que tu songeais à Clarisse, j’ai songé à un autre, mais sans pouvoir l’aimer. Et quand j’ai connu ton chagrin, tout a été fini. J’ai remercié ce jeune homme, je lui ai dit que je t’aimais toujours, malgré moi, mais que je t’aimais, toi, et non pas lui ! Nous nous sommes quittés en nous serrant la main. Depuis ce temps-là, j’ai bien cru que tu m’avais oubliée tout à fait, et je ne voulais plus penser à toi ; mais je n’ai jamais pu en regarder un autre. J’avais beaucoup d’ennui et de tristesse sans le faire paraître ; mais il m’est survenu de grandes occupations que je te raconterai un peu plus tard, et je ne pensais plus avoir jamais le temps de me marier, lorsque dernièrement Gaucher m’a montré ta lettre, où j’ai vu que tu m’aimais toujours, et que la raison t’était venue avec l’expérience. Et puis l’accident de ta baraque m’a décidée tout à fait à m’ouvrir à Lise et à lui faire connaître que je souhaitais ton retour. Elle a arrangé cela à sa fantaisie, et tu vois que tout est pour le mieux, puisque l’idée du mariage t’était venue, et que tu étais las des voyages.