Page:Sand - La Ville noire.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le monde. Il a toujours de l’esprit plus gros que lui, et, comme il n’a plus de soucis, il ne dit plus que des choses agréables. Il cause très-raisonnablement des heures entières, et les étrangers qui viennent le voir s’en vont en disant qu’il n’a rien de dérangé dans le cerveau, sauf une petite chose qui est de croire qu’il est un ancien particulier qu’on appelait Pindare dans les temps. Cela ne fait de mal à personne, et tout le monde s’est donné le mot pour ne pas le contrarier là-dessus. Il est toujours très-brave homme, très-humain, et il n’y a pas longtemps, dans une maison qui brûlait, il est entré à travers les flammes, en disant que les dieux devaient le protéger. Le fait est qu’on dit qu’il y en a un pour les amoureux, un pour les ivrognes et un pour les fous, ce qui ferait trois : tant il y a qu’Audebert a passé dans le feu sans se brûler, et il a sauvé un enfant qui s’est trouvé n’avoir pas plus de mal que lui. Tiens, c’est celui-là, ce petit blond qui lui tient toujours la main. Il y a des gens qui ont voulu faire de ça un miracle, et pour ces gens-là Audebert est plutôt un saint qu’un maniaque. Ce qu’il y a de sûr,