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ruines ! Et il alla au-devant du vieux poëte, qui venait lentement, s’arrêtant à chaque pas pour déclamer ou faire réciter des vers à son cortège d’enfants, donnant sa couronne tantôt à l’un, tantôt à l’autre, puis la reprenant et l’élevant en l’air avec des gestes d’invocation enthousiaste.

Va-sans-Peur, voyant que Sept-Épées pleurait, lui dit : « Il ne faut pourtant pas trop te désoler de ce que tu vois ! Jamais le vieux ne s’est si bien porté, jamais peut-être il ne s’est trouvé si heureux. Auparavant, il avait des jours de colère, des semaines de chagrin, des mois entiers où il ne travaillait pas, et où ses amis, tantôt l’un, tantôt l’autre, prenaient soin de lui. À présent, comme il ne travaille plus du tout et qu’on est bien sûr que ce n’est pas sa faute, c’est tout le monde qui en prend grand soin. Il faut le dire à l’honneur de la ville basse : il entre partout, et partout pauvres ou riches lui donnent à boire et à manger ce qu’ils ont de mieux. Aussi tu peux voir qu’il est plus frais et moins maigre que tu ne l’as jamais vu. Il ne faut pas non plus croire qu’il soit méprisé ni qu’il ennuie