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son cœur l’étouffait. Comme tout lui paraissait noble et beau dans son Val-d’Enfer ! Elles étaient loin, les grandes prairies mornes et les grasses étables de la veuve allemande ! Ces rocs dentelés en scie où planaient les vautours, ces eaux violentes se frayant un passage dans les granits déchirés, ces bois sombres battus du vent sur les hauteurs, et ces étroites oasis où un rayon de soleil enfermé dans de hautes murailles naturelles fécondait un coin de verdure sauvage et quelques aunes à moitié déracinés par les pluies, tout cela formait un spectacle sublime et délicieux pour celui que l’amour et l’espérance ramenaient au pays.

Il arriva au-dessus de sa baraque, et se pencha pour la regarder. Il ne comptait pas y descendre, étant bien plus pressé de revoir ses amis que son bien, et sachant qu’un peu au delà, le sentier, moins étroit et moins difficile, qui longeait le torrent, serait meilleur à prendre pour aller vite. Pourtant, comme la baraque était en partie visible d’un certain angle de la haute route, il pouvait bien lui accorder un coup d’œil sans s’arrêter ; mais soit