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la pauvre Tonine, malade depuis longtemps, n’est pas encore en état de travailler, et se trouve si endettée par les frais de sa maladie qu’il lui faudrait faire des miracles pour en sortir. Sans nos amitiés, qui ne l’abandonneront jamais, la misère serait chez elle ; mais elle souffre tant de l’idée que nous nous privons pour l’aider, que nous avons peur de la voir mourir pour vouloir faire plus qu’elle ne pourra, ou pour le tourment qu’elle donnera à ses esprits. Nous avons pensé à vous, qui avez quelque chose et qui êtes sans famille. Peut-être, en venant ici, sauriez-vous décider cette pauvre amie à accepter vos soins, vos secours et votre amitié, qu’elle n’a pas cessé de mériter. »

Tonine n’était donc pas mariée ! La joie fut le premier sentiment qui domina l’émotion de Sept-Épées. Il s’arrêta peu à l’inquiétude. Tonine n’était pas perdue, puisqu’on l’appelait à son aide ; on n’a pas tant de prévisions pour ceux qui vont mourir ; d’ailleurs l’amour fait des miracles, et Sept-Épées sentit qu’il aimait Tonine plus que jamais.

En un instant disparurent les fantômes de son