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la ville noire.

Il partit le soir même, et passa par la ville haute, où il avait affaire, de sorte qu’il n’arriva que vers dix heures à la Ville Noire. C’était une heure indue pour le parrain, et Sept-Épées, pensant bien le trouver endormi, entra sans bruit dans la maison pour ne pas le déranger. Il avait vu de la lumière à la petite fenêtre de Tonine ; il savait qu’elle veillait souvent jusqu’à minuit pour travailler à l’aiguille. Il monta à sa chambre, décidé à frapper à sa porte et à lui demander une explication pour le lendemain matin, car il savait bien qu’elle ne lui ouvrirait pas.

L’escalier du dernier étage était extérieur, taillé dans le rocher. Pour pénétrer chez Tonine, il fallait traverser la terrasse de quatre toises carrées où elle soignait ses pots de fleurs. Comme le sol en était encombré, Sept-Épées marcha avec précaution pour ne pas les heurter dans l’obscurité, et dans ce moment il entendit la voix de Lise qui prononçait son nom dans la chambre de Tonine. Il s’arrêta, curieux de savoir ce qui se disait là ; il s’assit sur la marche du seuil de cette chambre, se promettant de confesser son indiscrétion, mais ne pouvant résister au