Page:Sand - La Ville noire.djvu/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
la ville noire.

si honnête que la présence de madame Sauvière et de sa fille, loin de me gêner, me décide ; je les prends à témoin de mes paroles. Je suis amoureux de vous depuis le premier jour où je vous ai parlé, et depuis ce jour-là je vous ai vue faire tant de bien et j’en ai tant entendu dire de vous à tout le monde, que j’ai réclamé de mon père la permission de vous demander en mariage. Mon père est, vous le savez, un bon bourgeois philosophe dont le cœur répond à l’intelligence. Il a pris des informations sur vous et il a approuvé mon choix. Il n’est pas très-riche, mais je suis fils unique ; j’ai déjà une bonne petite clientèle et je suis un honnête garçon. Voulez-vous bien recevoir ma demande, y réfléchir quelques jours, prendre sur moi toutes les informations que vous jugerez nécessaires, et me rendre réponse le plus tôt possible, car je vais être bien inquiet et bien agité en attendant votre décision ?

Tonine fut si étourdie de cette déclaration et de la manière franche et respectueuse dont elle fut faite, qu’elle ne sut d’abord que répondre.

— Tu vois bien, ma fille, lui dit madame Sau-