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la ville noire.

C’est que la lutte qu’il soutenait pour la gloire était bien plus ardente et plus terrible que celle qu’il avait soutenue pour la fortune. Il ne s’agissait plus d’être riche pour Tonine : il avait pu échouer là sans honte ; il s’agissait de lui prouver une capacité sérieuse : échouer ici, c’était le désespoir.

Gaucher s’inquiétait de lui, et Tonine encore plus. Elle questionnait son cousin, qui plusieurs fois alla voir le solitaire du Creux-Perdu et le trouva sombre, refusant de s’expliquer. Un jour elle y alla elle-même avec Lise. Sept-Épées était précisément, ce jour-là, absorbé par un vague espoir de succès qui le rendait plus courageux et en même temps moins expansif que jamais. Il fut d’abord touché et surpris de la visite de Tonine ; mais comme, par pudeur et dignité, elle en mettait l’initiative sur le compte de Lise, il repoussa l’espérance avec cette sorte de spleen qui semble se complaire dans la douleur. Il affecta toutefois d’avoir l’esprit tranquille, et, aux questions qui lui furent faites sur l’état de ses affaires, il répondit avec stoïcisme que tout allait bien et qu’il était très-content.