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la ville noire.

peu de mots, ça va partout, et ça reste où ça va. Ça console souvent, ça apprend à voir et à sentir ce qui est beau et ce qui est bien. D’ailleurs il n’y a d’utile que ce qui est très-clair et très-bien dit. Vos systèmes pouvaient être bons, mais tout le monde ne les comprenait pas. Peut-être, sans vous offenser, qu’il y manquait par-ci par-là quelque petite chose, tandis que rien ne manque à vos chansons. Eh bien ! quand on n’a pas tous les moyens qu’il faudrait pour tirer le monde de ses peines, c’est beaucoup que d’avoir les moyens de faire prendre les peines en patience. À votre place, je serais aussi fier d’avoir fait un beau couplet de chanson que d’avoir écrit plein une bibliothèque.

Audebert sut gré à Gaucher de ces bonnes paroles, et se tint au travail de l’atelier assez régulièrement. Il ne manquait pas de courage ; seulement il ne s’y soutenait pas volontiers, et fâchait souvent les maîtres par un excès de susceptibilité. À la moindre apparence de reproche, il boudait comme un enfant. Lise, Tonine et Gaucher l’adoptèrent un peu comme tel, tout en respectant son