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la ville noire.

qu’à tuer les chats, et je serais content de lui prouver qu’on peut être mieux ailleurs que chez elle, sans payer davantage.

Sept-Épées fut tout à coup comme dans un autre monde, en voyant changer ainsi l’aspect des choses autour de lui. Au lieu du trou noir et hideux où l’ancienne demeure de son parrain était enfouie, il avait une chambre claire, élevée au flanc du rocher, et d’où il embrassait d’un coup d’œil tout le tableau bizarre et animé de la Ville Noire, pittoresque décor de fabriques enfumées et de cascades étincelantes, amas de charbons et de diamants, sanctuaire de travail ardent au sein d’une nature âpre et sublime. Sans bien se rendre compte de la poésie qui l’entourait, il sentit sa rêverie s’éclairer d’un rayon de joie et de bien-être. Les détails de la vie manufacturière sont souvent rebutants à voir. Rien de triste comme un atelier sombre où chaque homme rivé, comme une pièce de mécanique, à un instrument de fatigue fonctionne, exilé du jour et du soleil, au sein du bruit et de la fumée ; mais quand l’ensemble formidable du puissant levier de la production se