Page:Sand - La Ville noire.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
la ville noire.

l’atelier et en secouant sa mante chargée de pluie. J’étais sortie avec le beau temps pour aller, par la route d’en haut, voir ma nourrice à son village, quand l’orage m’a surprise. Je me suis réfugiée sous un rocher, et j’y serais encore si je n’avais vu passer un médecin qui m’a offert une place dans son cabriolet. Il m’a dit qu’il allait faire une visite pas loin, et qu’il me ramènerait à la ville haute. Cela valait mieux que de rester sous ce rocher où j’étais bien mal abritée. Chemin faisant, il m’a dit qu’il venait chez vous pour voir un malade, et qu’il ne savait pas par où descendre pour gagner à pied le fond du ravin. Il n’était jamais venu ici. J’y suis descendue avec lui pour le conduire, et nous avons eu assez de peine à nous tenir dans le sentier. Enfin nous voilà, le médecin est là-haut qui examine votre ami Audebert, et moi, qui ne croyais pas vous trouver céans, parce que vous passez tous les dimanches à la ville, à ce qu’on m’a dit, je venais voir s’il y avait dans l’atelier quelque personne chargée de veiller sur ce pauvre homme, quand je vous ai trouvé en train de vous battre avec la rivière.