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la petite fadette

ce jour-là, il avait renoncé à une belle partie de pêche aux écrevisses que les gars de la Priche avaient complotée toute la semaine, et où ils lui avaient promis bien du plaisir s’il voulait aller avec eux. Il avait donc résisté à une grande tentation, et, à cet âge-là, c’était beaucoup faire. Après qu’il eut bien pleuré, il s’arrêta à écouter quelqu’un qui pleurait aussi pas loin de lui, et qui causait tout seul, comme c’est assez la coutume des femmes de campagne quand elles ont un grand chagrin. Landry connut bien vite que c’était sa mère, et il courut à elle.

— Hélas ! faut-il, mon Dieu, disait-elle en sanglotant, que cet enfant-là me donne tant de souci ! Il me fera mourir, c’est bien sûr.

— Est-ce moi, ma mère, qui vous donne du souci ? s’exclama Landry en se jetant à son cou. Si c’est moi, punissez-moi et ne pleurez point. Je ne sais en quoi j’ai pu vous fâcher, mais je vous en demande pardon tout de même.

À ce moment-là, la mère connut que Landry n’avait pas le cœur dur comme elle se l’était souvent imaginé. Elle l’embrassa