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vinet ne voulut point entendre cela, et considéra même la chose comme une grande dureté que son frère lui disait ; si bien qu’il commença à le bouder de temps en temps, et à passer des semaines entières sans aller à la Priche, mourant d’envie pourtant de le faire, mais s’en défendant et mettant de l’orgueil dans une chose où jamais il n’aurait dû y en entrer un brin.

Il arriva même que, de paroles en paroles, et de fâcheries en fâcheries, Sylvinet, prenant toujours en mauvaise part tout ce que Landry lui disait de plus sage et de plus honnête pour lui remettre l’esprit, le pauvre Sylvinet en vint à avoir tant de dépit qu’il s’imaginait par moment haïr l’objet de tant d’amour, et qu’il quitta la maison, un dimanche, pour ne point passer la journée avec son frère, qui n’avait pourtant pas une seule fois manqué d’y venir.

Cette mauvaiseté d’enfant chagrina grandement Landry. Il aimait le plaisir et la turbulence, parce que, chaque jour, il devenait plus fort et plus dégagé. Dans tous les jeux, il était le premier, le plus subtil de corps et d’œil. C’était donc un petit sacrifice qu’il faisait à son frère, de quitter les joyeux gars de la