Le troisième jour, Sylvinet pleura bien encore, mais Landry ne pleura presque plus. La première idée du départ lui avait fait peut-être une plus grosse peine qu’à son frère, parce qu’il avait mieux senti son courage et qu’il ne s’était pas endormi sur l’impossibilité de résister à ses parents ; mais, à force de penser à son mal, il l’avait plus vite usé, et il s’était fait beaucoup de raisonnements, tandis qu’à force de se désoler, Sylvinet n’avait pas eu le courage de se raisonner : si bien que Landry était tout décidé à partir, que Sylvinet ne l’était point encore à le voir s’en aller.
Et puis Landry avait un peu plus d’amour-propre que son frère. On leur avait tant dit qu’ils ne seraient jamais qu’une moitié d’homme s’ils ne s’habituaient pas à se quitter, que Landry, qui commençait à sentir l’orgueil de ses quatorze ans, avait envie de montrer qu’il n’était plus un enfant. Il avait toujours été le premier à persuader et à entraîner son frère, depuis la première fois qu’ils avaient été chercher un nid au faîte d’un arbre, jusqu’au jour où ils se trouvaient. Il réussit donc encore cette fois-là à le tranquilliser, et, le soir, en