Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/348

Cette page a été validée par deux contributeurs.
324
la petite fadette

maison, à l’effet d’y recueillir tous les enfants malheureux de la commune durant quatre heures par chaque jour de la semaine, et elle prenait elle-même la peine, avec son frère Jeanet, de les instruire, de leur enseigner la vraie religion, et même d’assister les plus nécessiteux dans leur misère. Elle se souvenait d’avoir été une enfant malheureuse et délaissée, et les beaux enfants qu’elle mit au monde furent stylés de bonne heure à être affables et compatissants pour ceux qui n’étaient ni riches ni choyés.

Mais qu’advint-il de Sylvinet au milieu du bonheur de sa famille ? une chose que personne ne put comprendre et qui donna grandement à songer au père Barbeau. Un mois environ après le mariage de son frère et de sa sœur, comme son père l’engageait aussi à chercher et à prendre femme, il répondit qu’il ne se sentait aucun goût pour le mariage, mais qu’il avait, depuis quelque temps, une idée qu’il voulait contenter, laquelle était d’être soldat et de s’engager.

Comme les mâles ne sont pas trop nombreux dans les familles de chez nous, et que la terre n’a pas plus de bras qu’il n’en faut, on ne voit