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la petite fadette

— C’est donc une chose de conséquence ? dit le père Barbeau, dont les yeux s’attachaient en dépit de lui-même sur le couvercle du panier ; et il le prit par l’anse pour le soupeser. Mais il le trouva si lourd qu’il s’en étonna, et dit :

— Si c’est de la ferraille, il n’en faut pas beaucoup pour charger un cheval.

La petite Fadette, qui avait un esprit du diable, s’amusa en elle-même de l’envie qu’il avait de voir le panier. Elle fit mine de l’ouvrir ; mais le père Barbeau aurait cru manquer à sa dignité en la laissant faire.

— Cela ne me regarde point, dit-il, et puisque je ne puis le prendre en dépôt, je ne dois point connaître vos affaires.

— Il faut pourtant bien, père Barbeau, dit la Fadette, que vous me rendiez au moins ce petit service-là. Je ne suis pas beaucoup plus savante que ma marraine pour compter au-dessus de cent. Ensuite je ne sais pas la valeur de toutes les monnaies anciennes et nouvelles, et je ne puis me fier qu’à vous pour me dire si je suis riche ou pauvre, et pour savoir au juste le compte de mon avoir.