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la petite fadette

elle avait pris du teint et de la chair autant qu’il convenait à son âge, et l’on ne pouvait plus la prendre pour un garçon déguisé, tant elle avait la taille belle et agréable à voir. L’amour et le bonheur avaient mis aussi sur sa figure et sur sa personne ce je ne sais quoi qui se voit et ne s’explique point. Enfin elle était non pas la plus jolie fille du monde, comme Landry se l’imaginait, mais la plus avenante, la mieux faite, la plus fraîche et peut-être la plus désirable qu’il y eût dans le pays.

Elle portait un grand panier passé à son bras, et entra à la Bessonnière, où elle demanda à parler au père Barbeau. Ce fut Sylvinet qui la vit le premier, et il se détourna d’elle, tant il avait de déplaisir à la rencontrer. Mais elle lui demanda où était son père, avec tant d’honnêteté, qu’il fut obligé de lui répondre et de la conduire à la grange, où le père Barbeau était occupé à chapuser. La petite Fadette ayant prié alors le père Barbeau de la conduire en un lieu où elle pût lui parler secrètement, il ferma la porte de la grange et lui dit qu’elle pouvait lui dire tout ce qu’elle voudrait.