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la petite fadette

les séparer tout doucement. Ma ferme de la Priche va bien ; mais, en revanche, mon propre bien, qui est du côté d’Arton, va au plus mal, à cause que, depuis environ un an, mon colon est malade et ne peut se remettre. Je ne veux point le mettre dehors, parce qu’il est un véritable homme de bien. Mais si je pouvais lui envoyer un bon ouvrier pour l’aider, il se remettrait, vu qu’il n’est malade que de fatigue et de trop grand courage. Si vous y consentez, j’enverrai donc Landry passer dans mon bien le reste de la saison. Nous le ferons partir sans dire à Sylvinet que c’est pour longtemps. Nous lui dirons, au contraire, que c’est pour huit jours. Et puis, les huit jours passés, on lui parlera de huit autres jours, et toujours ainsi jusqu’à ce qu’il y soit accoutumé ; suivez mon conseil, au lieu de flatter toujours la fantaisie d’un enfant que vous avez trop épargné et rendu trop maître chez vous.

Le père Barbeau inclinait à suivre ce conseil, mais la mère Barbeau s’en effraya. Elle craignait que ce ne fût pour Sylvinet le coup de la mort. Il fallut transiger avec elle ; elle demandait qu’on fît d’abord l’essai