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la petite fadette

une idée si répugnante à leurs parents et si chagrinante pour lui-même. Landry, dès lors, ne lui en parla plus ; mais, comme il ne pouvait pas vivre sans en parler, il partageait son temps entre Cadet Caillaud et le petit Jeanet, qu’il emmenait promener avec lui, à qui il faisait répéter son catéchisme et qu’il instruisait et consolait de son mieux. Et quand on le rencontrait avec cet enfant, on se fût moqué de lui, si l’on eût osé. Mais, outre que Landry ne se laissait jamais bafouer en quoi que ce soit, il était plutôt fier que honteux de montrer son amitié pour le frère de Fanchon Fadet, et c’est par là qu’il protestait contre le dire de ceux qui prétendaient que le père Barbeau, dans sa sagesse, avait bien vite eu raison de cet amour-là. Sylvinet, voyant que son frère ne revenait pas autant à lui qu’il l’aurait souhaité, et se trouvant réduit à porter sa jalousie sur le petit Jeanet et sur Cadet Caillaud ; voyant, d’un autre côté, que sa sœur Nanette, laquelle, jusqu’alors, l’avait toujours consolé et réjoui par des soins très doux et des attentions mignardes, commençait à se plaire beaucoup dans la société de ce même Cadet Caillaud,