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la petite fadette

c’est vrai, et que tu en sois coupable, Landry, nous l’assisterons et ne la laisserons pas tomber dans la misère. Que tu ne l’épouses jamais, Landry, voilà tout ce que j’exige de toi.

— Mon père, dit Landry, nous jugeons la chose différemment vous et moi. Si j’étais coupable de ce que vous pensez, je vous demanderais, au contraire, votre permission pour l’épouser. Mais comme la petite Fadette est aussi innocente que ma sœur Nanette, je ne vous demande rien encore que de me pardonner le chagrin que je vous ai causé. Nous parlerons d’elle plus tard, ainsi que vous me l’avez promis.

Il fallut bien que le père Barbeau en passât par cette condition de ne pas insister davantage. Il était trop prudent pour brusquer les choses et se devait tenir pour content de ce qu’il avait obtenu.

Depuis ce moment-là il ne fut plus question de la petite Fadette à la Bessonnière. On évita même de la nommer, car Landry devenait rouge, et tout aussitôt pâle, quand son nom échappait à quelqu’un devant lui, et il était bien aisé de voir qu’il ne l’avait pas plus oubliée qu’au premier jour.