Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.
256
la petite fadette

compte, je ne l’ai jamais mal jugée, et je peux même dire que si elle avait fait attention à moi, elle ne m’aurait point déplu. À cause des yeux qu’elle a, elle m’a toujours semblé plutôt belle que laide, et, depuis un certain temps, tout le monde aurait bien pu voir, si elle avait voulu plaire, qu’elle devenait chaque jour plus agréable. Mais elle t’aimait uniquement, Landry, et se contentait de ne point déplaire aux autres ; elle ne cherchait d’autre approbation que la tienne, et je te réponds qu’une femme de ce caractère-là m’aurait bien convenu. D’ailleurs, si petite et si enfant que je l’ai connue, j’ai toujours considéré qu’elle avait un grand cœur, et si l’on allait demander à chacun de dire en conscience et en vérité ce qu’il en pense et ce qu’il en sait, chacun serait obligé de témoigner pour elle ; mais le monde est fait comme cela que quand deux ou trois personnes se mettent après une autre, toutes s’en mêlent, lui jettent la pierre et lui font une mauvaise réputation sans trop savoir pourquoi ; et comme si c’était pour le plaisir d’écraser qui ne peut se défendre.

Landry trouvait un grand soulagement à