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la petite fadette

encore plus que ce que l’amitié me fait faire.

— Eh bien, si c’était l’amour qui te commande, je n’aurais pas tant de chagrin. Oh ! oui, Fanchon, si c’était l’amour, je crois quasiment que je serais heureux dans mon malheur. J’aurais de la confiance dans ta parole et de l’espérance dans l’avenir ; j’aurais le courage que tu as, vrai !… Mais ce n’est pas de l’amour, tu me l’as dit bien des fois, et je l’ai vu à ta grande tranquillité à côté de moi.

— Ainsi tu crois que ce n’est pas l’amour, dit la petite Fadette ; tu en es bien assuré ?

Et, le regardant toujours, ses yeux se remplirent de larmes qui tombèrent sur ses joues, tandis qu’elle souriait d’une manière bien étrange.

— Ah ! mon Dieu ! mon bon Dieu ! s’écria Landry en la prenant dans ses bras, si je pouvais m’être trompé !

— Moi, je crois bien que tu t’es trompé, en effet, répondit la petite Fadette, toujours souriant et pleurant ; je crois bien que, depuis l’âge de treize ans, le pauvre Grelet a remarqué Landry et n’en a jamais remarqué d’autre. Je crois bien que, quand elle le suivait par les