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la petite fadette

que, depuis quelque temps, tu ne me parles pas. Tu crois sans doute que c’est moi qui ai ébruité tes amours avec la petite Fadette, et je suis fâché que tu puisses croire une pareille vilenie de ma part. Aussi vrai que Dieu est au ciel, jamais je n’en ai soufflé un mot, et mêmement c’est un chagrin pour moi qu’on t’ait causé ces ennuis-là ; car j’ai toujours fait grand cas de toi, et jamais je n’ai fait injure à la petite Fadette. Je puis même dire que j’ai de l’estime pour cette fille depuis ce qui nous est arrivé au colombier, dont elle aurait pu bavarder pour sa part, et dont jamais personne n’a rien su, tant elle a été discrète. Elle aurait pu s’en servir pourtant, à seules fins de tirer vengeance de la Madelon, qu’elle sait bien être l’auteur de tous ces caquets ; mais elle ne l’a point fait, et je vois, Landry, qu’il ne faut point se fier aux apparences et aux réputations. La Fadette, qui passait pour méchante, a été bonne ; la Madelon, qui passait pour bonne, a été bien traître, non seulement envers la Fadette et envers toi, mais encore avec moi, qui, pour l’heure, ai grandement à me plaindre de sa fidélité.