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la petite fadette

grandir, et la raison lui viendra bien comme aux autres.

Et, quand ce venait au tour de la petite Fadette à être examinée et jugée :

— La voilà qui s’en va bien vite, disait-on, sans vouloir chanter ni danser. On ne la voit plus depuis la Saint-Andoche. Il faut croire qu’elle a été grandement choquée de ce que les enfants d’ici l’ont décoiffée à la danse ; aussi a-t-elle changé son grand calot, et à présent on dirait qu’elle n’est pas plus vilaine qu’une autre.

— Avez-vous fait attention comme la peau lui a blanchi depuis un peu de temps ? disait une fois la mère Couturier. Elle avait la figure comme un œuf de caille, à force qu’elle était couverte de taches de rousseur ; et la dernière fois que je l’ai vue de prés, je me suis étonnée de la trouver si blanche, et mêmement si pâle que je lui ai demandé si elle n’avait point eu la fièvre. À la voir comme elle est maintenant, on dirait qu’elle pourra se refaire ; et, qui sait ? il y en a eu de laides qui devenaient belles en prenant dix-sept ou dix-huit ans.

— Et puis la raison vient, dit le père Naubin,