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la petite fadette

Mais, comme l’opinion des gens ne tourne pas aussi vite que nos résolutions, il devait encore s’écouler du temps avant qu’on passât pour elle du mépris à l’estime et de l’aversion au bon vouloir. On vous dira plus tard comment se fit ce changement ; quant à présent, vous pouvez bien vous imaginer vous-mêmes qu’on ne donna pas grosse part d’attention au rangement de la petite Fadette. Quatre ou cinq bons vieux et bonnes vieilles, de ceux qui regardent s’élever la jeunesse avec indulgence, et qui sont, dans un endroit, comme les pères et mères à tout le monde, devisaient quelquefois entre eux sous les noyers de la Cosse, en regardant tout ce petit ou jeune monde grouillant autour d’eux, ceux-ci jouant aux quilles, ceux-là dansant. Et les vieux disaient :

— Celui-ci sera un beau soldat s’il continue, car il a le corps trop bon pour réussir à se faire exempter ; celui-là sera finet et entendu comme son père ; cet autre aura bien la sagesse et la tranquillité de sa mère ; voilà une jeune Lucette qui promet une bonne servante de ferme ; voici une grosse Louise qui plaira à plus d’un, et quant à cette petite Marion, laissez-la