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la petite fadette

et qu’il faudrait se crever les yeux pour ne point le voir.

— Ne te moque pas, Landry, reprit la petite Fadette. On dit que la beauté tourne la tête aux belles, et que la laideur fait la désolation des laides. Je m’étais habituée à faire peur, et je ne voudrais pas devenir sotte en croyant faire plaisir. Mais ce n’est pas de cela que tu venais me parler, et j’attends que tu me dises si la Madelon t’a pardonné.

— Je ne viens pas pour te parler de la Madelon. Si elle m’a pardonné je n’en sais rien et ne m’en informe point. Seulement, je sais que tu lui as parlé, et si bien parlé que je t’en dois grand remerciement.

— Comment sais-tu que je lui ai parlé ? Elle te l’a donc dit ? En ce cas, vous avez fait la paix ?

— Nous n’avons point fait la paix ; nous ne nous aimons pas assez, elle et moi, pour être en guerre. Je sais que tu lui as parlé, parce qu’elle l’a dit à quelqu’un qui me l’a rapporté.

La petite Fadette rougit beaucoup, ce qui l’embellit encore, car jamais, jusqu’à ce jour-là, elle n’avait eu sur les joues cette honnête cou-