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la petite fadette

Et, en pensant à cela, il regardait Madelon, mais si tranquillement qu’elle se retira sans qu’il se fût encore décidé de lui parler. Ce n’est point qu’il fût honteux devant elle ; sa honte s’était envolée sans qu’il sût comment ; mais, avec la honte, le plaisir qu’il avait eu à la voir, et aussi l’envie qu’il avait eue de s’en faire aimer.

À peine eut-il soupé qu’il fit mine d’aller dormir. Mais il sortit de son lit par la ruelle, glissa le long des murs et s’en fut droit au gué des Roulettes. Le feu follet y faisait encore sa petite danse ce soir-là. Du plus loin qu’il le vit sautiller, Landry pensa : « C’est tant mieux, voici le fadet, la Fadette n’est pas loin. » Et il passa le gué sans avoir peur, sans se tromper, et il alla jusqu’à la maison de la mère Fadet, furetant et regardant de tous côtés. Mais il y resta un bon moment sans voir de lumière et sans entendre aucun bruit. Tout le monde était couché. Il espéra que le grelet, qui sortait souvent le soir après que sa grand’mère et son sauteriot étaient endormis, vaguerait quelque part aux environs. Il se mit à vaguer de son côté. Il traversa la Joncière, il alla à la car-