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la petite fadette

laisser, grelet cornu. Tu as trouvé un galant, garde-le, ma mignonne, car c’est le premier et le dernier qui aura fantaisie pour ton vilain museau. Quant à moi, je ne voudrais pas de ton reste, quand même ça serait le fils du roi. Ton Landry n’est qu’un sot, et il faut qu’il soit bien peu de chose, puisque, croyant me l’avoir enlevé, tu viens me prier déjà de le reprendre. Voilà un beau galant pour moi, dont la petite Fadette elle-même ne se soucie point !

— Si c’est là ce qui vous blesse, répondit la Fadette d’un ton qui alla jusqu’au fin fond du cœur de Landry, et si vous êtes fière à ce point de ne vouloir être juste qu’après m’avoir humiliée, contentez-vous donc, et mettez sous vos pieds, belle Madelon, l’orgueil et le courage du pauvre grelet des champs. Vous croyez que je dédaigne Landry, et que, sans cela, je ne vous prierais pas de lui pardonner. Eh bien, sachez, si cela vous plaît, que je l’aime depuis longtemps déjà, que c’est le seul garçon auquel j’aie jamais pensé, et peut-être celui à qui je penserai toute ma vie ; mais que je suis trop raisonnable et trop fière aussi pour jamais penser à m’en faire aimer. Je sais ce qu’il est,