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la petite fadette

Là-dessus, la Madelon, écolérée, éleva la voix pour dire :

— Qu’est-ce que me fait tout cela ? Danse toute ta vie avec les bessons de la Bessonnière, et ne crois pas, grelet, que tu me fasses le moindre tort, ni la moindre envie.

Et la Fadette reprit :

— Ne dites pas des paroles si dures pour le pauvre Landry, Madelon, car Landry vous a donné son cœur, et si vous ne voulez le prendre, il en aura plus de chagrin que je ne saurais dire.

Et pourtant elle le dit, et en si jolies paroles, avec un ton si caressant et en donnant à Landry de telles louanges, qu’il aurait voulu retenir toutes ses façons de parler pour s’en servir à l’occasion, et qu’il rougissait d’aise en s’entendant approuver de la sorte.

La Madelon s’étonna aussi pour sa part du joli parler de la petite Fadette ; mais elle la dédaignait trop pour le lui témoigner.

— Tu as une belle jappe et une fière hardiesse, lui dit-elle, et on dirait que ta grand’mère t’a fait une leçon pour essayer d’enjôler le monde ; mais je n’aime pas à causer avec les sorcières, ça porte malheur, et je te prie de me