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la petite fadette

Et Landry se sentait comme étouffé de honte, de fatigue et d’impatience. Il s’asseyait sur la crèche de ses bœufs, et avait peur que la charmeuse ne lui eût ôté le courage, la raison et la santé.

Mais, quand le jour fut un peu grand et que les laboureurs de la Priche furent levés, ils se mirent à le plaisanter sur sa danse avec le vilain grelet, et ils la firent si laide, si mal élevée, si mal attifée dans leurs moqueries, qu’il ne savait où se cacher, tant il avait de honte, non seulement de ce qu’on avait vu, mais de ce qu’il se gardait bien de faire connaître.

Il ne se fâcha pourtant point, parce que les gens de la Priche étaient tous ses amis et ne mettaient point de mauvaise intention dans leurs taquineries. Il eut même le courage de leur dire que la petite Fadette n’était pas ce qu’on croyait, qu’elle en valait bien d’autres, et qu’elle était capable de rendre de grands services. Là-dessus on le railla encore.

— Sa mère, je ne dis pas, firent-ils ; mais elle, c’est un enfant qui ne sait rien, et si tu as une bête malade, je ne te conseille pas de