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la petite fadette

d’elle-même si elle veut, et si elle n’en revient pas, je crois bien que je n’en mourrai point.

— Je sais mieux ce que tu penses là-dessus que toi-même, Landry, reprit la petite Fadette. Je te crois quand tu me dis que tu n’as jamais fait connaître ton amitié à la Madelon par des paroles ; mais il faudrait qu’elle fût bien simple pour ne l’avoir pas connue dans tes yeux, aujourd’hui surtout. Puisque j’ai été cause de votre fâcherie, il faut que je sois cause de votre contentement, et c’est la bonne occasion de faire comprendre à Madelon que tu l’aimes. C’est à moi de le faire et je le ferai si finement et si à propos, qu’elle ne pourra point t’accuser de m’y avoir provoquée. Fie-toi, Landry, à la petite Fadette, au pauvre vilain grelet, qui n’a point le dedans aussi laid que le dehors ; et pardonne-lui de t’avoir tourmenté, car il en résultera pour toi un grand bien. Tu connaîtras que s’il est doux d’avoir l’amour d’une belle, il est utile d’avoir l’amitié d’une laide ; car les laides ont du désintéressement et rien ne leur donne dépit ni rancune.

— Que tu sois belle ou laide, Fanchon, dit Landry en lui prenant la main, je crois com-