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la petite fadette

toutes ces belles filles, que je vois courtisées, sont coquettes avec tout le monde, comme si tout le monde était de leur goût. Pour moi, si j’étais belle, je ne voudrais le paraître et me rendre aimable qu’à celui qui me conviendrait.

Landry pensa à la Madelon, mais la petite Fadette ne le laissa pas sur cette idée-là ; elle continua de parler comme s’ensuit :

— Voilà donc, Landry, tout mon tort envers les autres, c’est de ne point chercher à quêter leur pitié ou leur indulgence pour ma laideur. C’est de me montrer à eux sans aucun attifage pour la déguiser, et cela les offense et leur fait oublier que je leur ai fait souvent du bien, jamais de mal. D’un autre côté, quand même j’aurais soin de ma personne, où prendrais-je de quoi me faire brave ? Ai-je jamais mendié, quoique je n’aie pas à moi un sou vaillant ? Ma grand’mère me donne-t-elle la moindre chose, si ce n’est la retirance et le manger ? Et si je ne sais point tirer parti des pauvres hardes que ma pauvre mère m’a laissées, est-ce ma faute, puisque personne ne me l’a enseigné, et que depuis l’âge de dix ans je suis abandonnée sans amour ni merci de