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la petite fadette

fissent encore là quelque méchant jeu. Il lui fit promettre de prendre le plus long et d’aller passer à la planchette du grand moulin.

Landry fit comme son frère souhaitait, et au lieu de traverser la joncière, il descendit la traîne qui longe la côte du Chaumois. Il n’avait peur de rien, parce qu’il y avait encore du bruit en l’air à cause de la fête. Il entendait tant soit peu les musettes et les cris des danseurs de la Saint-Andoche, et il savait bien que les esprits ne font leurs malices que quand tout le monde est endormi dans le pays.

Quand il fut au bas de la côte, tout au droit de la carrière, il entendit une voix gémir et pleurer, et tout d’abord il crut que c’était le courlis. Mais, à mesure qu’il approchait, cela ressemblait à des gémissements humains, et, comme le cœur ne lui faisait jamais défaut quand il s’agissait d’avoir affaire à des êtres de son espèce, et surtout de leur porter secours, il descendit hardiment dans le plus creux de la carrière.

Mais la personne qui se plaignait ainsi fit silence en l’entendant venir.

— Qui pleure donc ça par ici ? demanda-t-il d’une voix assurée.