Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.
144
la petite fadette

côté de Madelon, et il alla tout droit vis-à-vis des Aladenise et des Alaphilippe, en leur disant :

— Eh bien ! vous autres, qu’est-ce que vous avez à en dire ? S’il me convient, à moi, de donner attention à cette fille-là, en quoi cela vous offense-t-il ? Et si vous en êtes choqués, pourquoi vous détournez-vous pour le dire tout bas ? Est-ce que je ne suis pas devant vous ? est-ce que vous ne me voyez point ? On a dit par ici que j’étais encore un petit enfant ; mais il n’y a pas par ici un homme ou seulement un grand garçon qui me l’ait dit en face ! J’attends qu’on me parle, et nous verrons si l’on molestera la fille que ce petit enfant fait danser.

Sylvinet n’avait pas quitté son frère, et, quoiqu’il ne l’approuvât point d’avoir soulevé cette querelle, il se tenait tout prêt à le soutenir. Il y avait là quatre ou cinq grands jeunes gens qui avaient la tête de plus que les bessons ; mais, quand ils les virent si résolus et comme, au fond, se battre pour si peu était à considérer, ils ne soufflèrent mot et se regardèrent les uns les autres, comme pour se demander lequel avait eu l’intention de se mesurer avec Landry. Aucun ne se présenta,