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la petite fadette

menton, fût si aisé à épeurer, et je suis contente de te voir comme cela.

— Et pourquoi en êtes-vous contente, Fanchon Fadet ?

— Parce que je ne vous aime point, lui dit-elle d’un ton méprisant.

— Et pourquoi est-ce encore que vous ne m’aimez point ?

— Parce que je ne vous estime point, répondit-elle ; ni vous, ni votre besson, ni vos père et mère, qui sont fiers parce qu’ils sont riches, et qui croient qu’on ne fait que son devoir en leur rendant service. Ils vous ont appris à être ingrat, Landry, et c’est le plus vilain défaut pour un homme après celui d’être peureux.

Landry se sentit bien humilié des reproches de cette petite fille, car il reconnaissait qu’ils n’étaient pas tout à fait injustes, et il lui répondit :

— Si je suis fautif, Fadette, ne l’imputez qu’à moi. Ni mon frère, ni mon père, ni ma mère, ni personne chez nous n’a eu connaissance du secours que vous m’avez déjà une fois donné. Mais pour cette fois-ci, ils le sauront, et