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la petite fadette

encourageait Sylvinet. Elle était sans gêne avec lui, et quelqu’un qui ne s’y connaîtrait pas aurait jugé que c’était celui des bessons qu’elle préférait. Landry eût pu en être jaloux, s’il n’eût été, par nature, ennemi de la jalousie ; et peut-être un je ne sais quoi lui disait-il, malgré sa grande innocence, que Madelon n’agissait ainsi que pour lui faire plaisir et avoir occasion de se trouver plus souvent avec lui.

Toutes choses allèrent donc pour le mieux pendant environ trois mois, jusqu’au jour de la Saint-Andoche, qui est la fête patronale du bourg de la Cosse, et qui tombe aux derniers jours de septembre.

Ce jour-là, qui était toujours pour les deux bessons une grande et belle fête, parce qu’il y avait danse et jeux de toutes sortes sous les grands noyers de la paroisse, amena pour eux de nouvelles peines auxquelles ils ne s’attendaient mie.

Le père Caillaud ayant donné licence à Landry d’aller dès la veille coucher à la Bessonnière, afin de voir la fête sitôt le matin, Landry partit avant souper, bien content d’aller surprendre son besson qui ne l’attendait que le lendemain.