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la petite fadette

Le lendemain, Sylvinet courut au lit de la mère Barbeau avant qu’elle fût levée, et, lui ouvrant son cœur, lui confessa son regret et sa honte. Il lui conta comme quoi il se trouvait bien malheureux depuis quelque temps, non plus tant à cause qu’il était séparé de Landry, que parce qu’il s’imaginait que Landry ne l’aimait point. Et quand sa mère le questionna sur cette injustice, il fut bien empêché de la motiver, car c’était en lui comme une maladie dont il ne se pouvait défendre. La mère le comprenait mieux qu’elle ne voulait en avoir l’air, parce que le cœur d’une femme est aisément pris de ces tourments-là, et elle-même s’était souvent ressentie de souffrir en voyant Landry si tranquille dans son courage et dans sa vertu. Mais, cette fois, elle reconnaissait que la jalousie est mauvaise dans tous les amours, même dans ceux que Dieu nous commande le plus, et elle se garda bien d’y encourager Sylvinet. Elle lui fit ressortir la peine qu’il avait causée à son frère, et la grande bonté que son frère avait eue de ne pas s’en plaindre ni s’en montrer choqué. Sylvinet le reconnut aussi et convint