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la petite fadette

d’autre bruit que la voix du sauteriot qui beuglait parce que sa grand’mère l’avait fouaillé, ce qui lui arrivait tous les soirs, qu’il l’eût mérité ou non.

Cela fit de la peine à Sylvinet, d’entendre pleurer ce galopin, et il dit à son frère :

— Voilà une vilaine maison où l’on entend toujours des cris ou des coups. Je sais bien qu’il n’y a rien de si mauvais et de si diversieux que ce sauteriot ; et, quant au grelet, je n’en donnerais pas deux sous. Mais ces enfants-là sont malheureux de n’avoir plus ni père ni mère, et d’être dans la dépendance de cette vieille charmeuse, qui est toujours en malice, et qui ne leur passe rien.

— Ce n’est pas comme ça chez nous, répondit Landry. Jamais nous n’avons reçu de père ni de mère le moindre coup, et mêmement quand on nous grondait de nos malices d’enfant, c’était avec tant de douceur et d’honnêteté, que les voisins ne l’entendaient point. Il y en a comme ça qui sont trop heureux, et qui ne connaissent point leurs avantages, et pourtant, la petite Fadette, qui est l’enfant le plus malheureux et le plus maltraité de la