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la petite fadette

Toutes ces mauvaises paroles, que Landry écoutait quasi malgré lui, lui firent passer la sueur froide par tout le corps. Il n’y croyait pas absolument, mais enfin la famille Fadet était réputée avoir tel entendement avec le diable, qu’on ne pouvait pas être bien assuré qu’il n’en fût rien.

— Allons, Fanchon, dit Landry, en s’arrêtant, veux-tu, oui ou non, me laisser tranquille, ou me dire, si, de vrai, tu sais quelque chose de mon frère ?

— Et qu’est-ce que tu me donneras si, avant que la pluie ait commencé de tomber, je te le fais retrouver ? dit la Fadette en se dressant debout sur la barre du sautoir, et en remuant les bras comme si elle voulait s’envoler.

Landry ne savait pas ce qu’il pouvait lui promettre, et il commençait à croire qu’elle voulait l’affiner pour lui tirer quelque argent. Mais le vent qui soufflait dans les arbres et le tonnerre qui commençait à gronder lui mettaient dans le sang comme une fièvre de peur. Ce n’est pas qu’il craignît l’orage, mais, de fait, cet orage-là était venu tout d’un coup et d’une manière qui ne lui paraissait pas natu-