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— Au diable la femme ! dit Germain. Je voudrais en être revenu pour n’y plus retourner. Qu’ai-je besoin d’une femme que je ne connais pas ?

— Mon petit père, dit l’enfant, pourquoi donc est-ce que tu parles toujours de ta femme aujourd’hui, puisqu’elle est morte ?…

— Hélas ! tu ne l’as donc pas oubliée, toi, ta pauvre chère mère ?

— Non, puisque je l’ai vu mettre dans une belle boîte de bois blanc et que ma grand-mère m’a conduit auprès pour l’embrasser et lui dire adieu !… Elle était toute blanche et toute froide, et tous les soirs ma tante me fait prier le bon Dieu pour qu’elle aille se réchauffer avec lui dans le ciel. Crois-tu qu’elle y soit, à présent ?

— Je l’espère, mon enfant ; mais il faut toujours prier, ça fait voir à ta mère que tu l’aimes.

— Je vas dire ma prière, reprit l’enfant ; je n’ai pas pensé à la dire ce soir. Mais je ne peux pas la dire tout seul ; j’en oublie toujours un peu. Il faut que la petite Marie m’aide.

— Oui, mon Pierre, je vas t’aider, dit la jeune fille. Viens là, te mettre à genoux sur moi.

L’enfant s’agenouilla sur la jupe de la jeune fille, joignit ses petites mains et se mit à réciter sa prière, d’abord avec attention et ferveur, car il savait très bien le commencement ; puis avec plus de lenteur et