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vrant les yeux et jeta ses bras autour de son cou en lui disant : Mon petit père, tu vas m’emmener avec toi !

— Ah oui ! toujours la même chanson ! que faisiez-vous là, mauvais Pierre ?

— J’attendais mon petit père à passer, dit l’enfant ; je regardais sur le chemin et, à force de regarder, je me suis endormi.

— Et si j’étais passé sans te voir, tu serais resté toute la nuit dehors et le loup t’aurait mangé !

— Oh ! je savais bien que tu me verrais ! répondit Petit-Pierre avec confiance.

— Eh bien, à présent, mon Pierre, embrasse-moi, dis-moi adieu, et retourne vite à la maison si tu ne veux pas qu’on soupe sans toi.

— Tu ne veux donc pas m’emmener ! s’écria le petit en commençant à frotter ses yeux pour montrer qu’il avait dessein de pleurer.

— Tu sais bien que grand-père et grand-mère ne le veulent pas, dit Germain, se retranchant derrière l’autorité des vieux parents, comme un homme qui ne compte guère sur la sienne propre.

Mais l’enfant n’entendit rien. Il se prit à pleurer tout de bon, disant que, puisque son père emmenait la petite Marie, il pouvait bien l’emmener aussi. On lui objecta qu’il fallait passer les grands bois, qu’il y avait là beaucoup de méchantes bêtes qui mangeaient les petits enfants, que la Grise ne voulait pas porter