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n’était pas là ! Il voulait, hier au soir, me faire promettre de l’emmener, et il a pleuré pendant une heure dans son lit. Ce matin encore, il a tout essayé pour me persuader. Oh ! qu’il est adroit et câlin ! mais quand il a vu que ça ne se pouvait pas, monsieur s’est fâché : il est parti dans les champs et je ne l’ai pas revu de la journée.

— Moi, je l’ai vu, dit la petite Marie en faisant effort pour rentrer ses larmes. Il courait avec les enfants de Soulas du côté des tailles, et je me suis bien doutée qu’il était hors de la maison depuis longtemps, car il avait faim et mangeait des prunelles et des mûres de buisson. Je lui ai donné le pain de mon goûter et il m’a dit : Merci, ma Marie mignonne, quand tu viendras chez nous, je te donnerai de la galette. C’est un enfant trop gentil que vous avez là, Germain !

— Oui, qu’il est gentil, reprit le laboureur, et je ne sais pas ce que je ne ferais pas pour lui ! Si sa grand-mère n’avait pas eu plus de raison que moi, je n’aurais pas pu me tenir de l’emmener quand je le voyais pleurer si fort que son pauvre petit cœur en était tout gonflé.

— Eh bien ! pourquoi ne l’auriez-vous pas emmené, Germain ? Il ne vous aurait guère embarrassé ; il est si raisonnable quand on fait sa volonté !

— Il paraît qu’il aurait été de trop là où je vais. Du